La guerre selon Charlie (
Charlie Wilson war)
Réalisé par Mike Nichols Avec Julia Roberts, Tom Hanks, Philip Seymour Hoffman
Traiter d’un sujet comme la guerre en Afghanistan et l’implication secrète des Etats-Unis ( dont le but unique était de casser du russe) dans ce conflit aurait donner dans les mains d’un réalisateur lambda un film fleuve, sorte de réquisitoire prônant la bienveillance des Etats-Unis à l’égard des conflits mondiaux. Une véritable tribune montrant o combien le pays de l’oncle Sam est le sauveur du monde libre. Si c’est ce que vous êtes venu voir au travers de ce film, un conseil passer votre chemin. Charlie Wilson est tout sauf cela. C’est au contraire une démonstration brillante drôle et à la fois effrayante de la négligence américaine lorsqu’il s’incruste dans des conflits qui ne sont pas vraiment pour eux et des dégâts que cela cause à l’échelle mondiale par la suite.
Tout commence presque comme une
comédie lorsque l’on découvre un Tom Hanks dans la peau d’un membre du congrès,
aussi bien accro aux femmes à l’alcool et tout ce qui va avec. Sorte d’incarnation
presque parfaite de ce que devait être George Bush jr dans ses années folles,
le personnage n’a aucun mal à attirer la sympathie. Roublard et malin, escroc
juste ce qu’il faut il est humain avec juste ce qu’il faut de faiblesses ou
bassesses cela dépend pour qu’on s’identifie a lui. Son premier signal d’alerte
démarre en voyant un reportage de Dan Rather sur la guerre en Afghanistan. Un
réveil de sa conscience qui l’amènera très vite à tomber dans les griffes d’une
riche héritière texane prompte à mener à mots couverts une sorte de quasi « guerre
sainte » pour délivrer le peuple afghan de l’oppression russe. Sous
couvert d’un humour ravageur et d’un cynisme sans faille Mike Nichols nous
montre les travers de la politique américaine. Loin des regards du grand public
et sans grossir le trait à l’extrême d’une facette de l’histoire américaine (
qui malheureusement perdure) il étudie les liens entre certains échelons du
pouvoir et des riches personnes « extérieures » au gouvernement. La
politique se fait en sous main et hors des cercles autorisés. C’est d’autant
plus effrayant que au travers de la description de son personnage Hanks laisse
pointer l’image d’un homme qui malgré ses travers reste animer d’une sincère envier
de changer les choses. Désir que sa roublardise et son bagout naturel n’auront
aucun mal à mettre en place en trouvant toujours plus d’argent pour financer un
conflit interminable ( l’irak de nos jours prend exactement le même chemin),
mais qui malheureusement par la suite trouvera une conclusion des plus
abruptes. Le problème de fin étant des plus glaçant quand au final le héros se rend
compte que le pays détruit est devenu un terrain propice pour les radicaux et
extrémistes de tout poils qui y rappliquent avec joie.
Détruire un pays et le laisser en
ruine mais ne rien faire pouvoir faire pour le reconstruire par la suite, tout
cela car ca n’intéresse personne de construire des écoles pour éduquer des
enfants laisser à l’abandon ( le tout expliquer dans une scène expéditive et
sans appel pour les espoirs de Tom Hanks). Voila le cas de conscience dans
lequel se retrouve Charlie Wilson à la fin. Il a mis sur pied une guerre
secrète au service d’intérêts qui ont fini par le dépasser avant de lui-même se
rendre compte que ses idéaux « utopiste » de dernière minute n’intéressait
personne. Le personnage n’était pas un saint. Mais voir son regard perdu à la fin du film ainsi que la
phrase concluant le film à de quoi faire froid dans le dos. On est face à un
homme se rendant compte qu’il vient de léguer un cadeau empoisonné aux
générations futures. Tout cela en croyant faire le bien. Au travers de cette
histoire qui semble trop énorme pour être vraie ( mais le pire est qu’elle est
véridique malheureusement) Mike Nichols dresse un portrait sans appel d’un pays
qui au travers des années perpétue les mêmes erreurs. Aux yeux et à la face du
monde et sans que vraiment quoi que ce soit change dans leur façon d’être. Drôle,
instructif et effrayant à la fois Charlie Wilson est une réussite de bout en
bout.
(CHANDLEYR)
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