Faire un film choral a tout de la mission suicide. Beaucoup s’y risquent et
se cassent les dents devant l’ampleur de la tâche. Le dernier en date à tenter
le coup n’est autre que monsieur Klapisch et la mission est quasiment réussit (
On reste sur une légere frustration par rapport à certaines histoires…mais j’y
reviendrais plus tard).
Paris prend comme point de départ le personnage incarné par Romain Duris.
Jeune danseur se découvrant un problème au cœur, il va devoir faire face à
l’imminence de la mort, de sa mort qui vient frapper à sa porte. Seule une
greffe de cœur pourrait le sauver, malheureusement même les médecins ne sont
pas des plus confiants sur les chances de réussites de cette greffe. N’importe
qui dans la même situation serait assailli de doutes et ne tarderait pas à
déprimer. Et c’est ce qui se passe avec le personnage de Duris. Pour tuer le
temps il se met à observer la vie de ses voisins et c’est là que le film prend
toute sa force. Dans les croisements de ces petits moments de vie. A l’image de
la diversité parisienne, on se retrouve face à des cas de figure a la fois
touchant, banal, écœurant, rageant. De la boulangère qui ne se veut pas raciste
mais transpire ce sentiment avec une force incroyable, de ce poissonnier à la
fois si simple et touchant. Des dizaines de vies que l’on croise tout les jours
dans paris sans pourtant se douter de la complexité qui se cache derrière
chacun de ses visages. Le film est il pour autant parfait ? oui et non à
la fois. Il tombe dans un piège inhérent au film choral ( bien qu’il faille
tempérer ce sentiment- chacun verra le film d’un œil différent---oulaa banalité
de qualité olympique que je dis la…) Pour mieux expliquer la possible
frustration prenons l’exemple d’un film comme Love Actually. La similitude avec
« Paris » se joue sur le fait que chacun sont des films croisant une
multitudes d’histoires. Film génial au demeurant mais dont on ne pouvait que
sortir qu’un peu frustrer. Pourquoi ? Car chaque histoire aurait put à
elle seule faire un très bon film et c’est exactement la même chose qui se
passe ici avec le film de Cedric Klapisch. Certains des acteurs se voient
attribuer les meilleures histoires tandis que d’autres se retrouvent avec ce
que l’on pourrait vulgairement appeler les restes. Au rayon des mals lotis
gilles lelouch et zinedine soualem se retrouvent avec des petits rôles qui
auraient bien demander a avoir un peu plus de matières. Certes ces rôles et la
sous exploitation qui va avec se justifie parfaitement dans l’histoire, mais un
peu plus de temps de scénario pour eux n’aurait pas été un mal. On regrette
aussi que le rôle de Luchini bien que génial dans le film soit un chouilla trop
convenu et finisse un peu comme un soufflé qui n’aurait pas pris. Il manque à
son histoire croisé avec celle de son frère (Cluzet) et de la relation avec
l’étudiante un développement et une conclusion plus intéressante. Une légère
déception qui pourtant n’entame en rien le potentiel du film. Même avec ces
petits à côté le film fonctionne et c’est alors que l’on se rend compte du pourquoi
de cette réussite.
Elle réside simplement dans un trio d’acteurs qui illumine littéralement le
métrage sans en faire des tonnes. Dans l’ordre Romain Duris en jeune garçon
mourant à petit feu en attendant une hypothétique opération qui pourrait le sauver.
Juliette Binoche dans le rôle de la sœur de Duris. Assistante sociale qui
regarde son existence partir à la dérive et qui essaye au fur et a mesure du
lien qu’elle retisse avec son frère de remettre de l’ordre dans sa vie. Vient
ensuite la pièce de résistance Albert Dupontel dans un rôle à mille lieux d’un
Chrysalis pas très intéressant, dans les baskets d’un homme simple et
romantique travaillant sur les marchés, il crève littéralement l’écran. Les
vrais duo de cinéma qui fonctionne sont rares ces derniers temps. Klapisch en a
créer un en unissant Juliette Binoche et Albert Dupontel . Ces deux là une
fois à l’image sonnent comme une évidence et sont à l’origine de certains des
moments de grâce d’un film magique.
Imparfait sur certains points, passionnant
et enivrant sur d’autres, Paris de Cedric Klapisch est à l’image de son sujet.
Un melting pot de saveurs qu’on prend plaisir a goûter sans se priver. Un vrai
bon film.
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